Dans les années 80, AMSTRAD (pour Alan Michael Sugar TRADing) est une société spécialisée dans l’électronique grand public (chaînes Hi-Fi, téléviseurs…). La micro-informatique familiale se développe depuis quelques années. Son fondateur, Alan Michael Sugar, sentant le filon, choisit de diversifier ses activités en lançant sur le marché un ordinateur, l’AMSTRAD CPC 464.
Cette machine est, pour l’époque, révolutionnaire tant par ses capacités techniques (64 Ko de mémoire, performances graphiques et musicales) que par l’argumentaire commercial déployé (le prix de l’ordinateur comprend l’écran, l’utilisation de l’ordinateur ne mobilise plus le téléviseur familial !). Le succès est au rendez-vous au point que rapidement la gamme CPC comprend deux nouvelles références : le CPC 664 (même configuration que le 464 mais un lecteur de disquette remplace avantageusement le lecteur de cassette) et le CPC 6128 (128 Ko de RAM !). La politique commerciale agressive du constructeur contraint ses concurrents à revoir leurs grilles tarifaires pour le plus grand profit des consommateurs. Le lancement du CPC 664 au tarif de 4500 FRF TTC moniteur couleur compris avec lecteur de disquette 3 pouces intégré en est un exemple. Le prix de vente du seul lecteur de disquette chez THOMSON, COMMODORE ou ORIC tourne autour de 3500 à 3800 FRF. L’EINSTEIN, machine comparable au CPC 664, est vendu 8000 FRF sans écran. La marque a également su rendre sa gamme attrayante en commercialisant de nombreux accessoires : stylo optique, synthétiseur vocal, imprimantes…
Fort de ses succès commerciaux avec les ordinateurs grand public, AMSTRAD décide de s’attaquer au marché professionnel. A l’époque ce marché est dominé par les IBM PC & COMPATIBLES. Ces ordinateurs et logiciels étaient onéreux. Beaucoup d’entreprises n’avaient par les moyens de les acquérir.
AMSTRAD lance alors deux nouvelles gammes :
- Les PCW 8256, 8512… : des machines spécialisées traitement de texte, mono-blocs (écran / unité centrale comme les iMac) pilotées sous CP/M.
- Des PC, enfin bon marché, avec le PC 1512, le PC 1640 puis les portables PPC 512 et 640 sous MS/DOS. Ce ne sont pas les meilleurs mais le constructeur ouvre une nouvelle voie pour les petites entreprises. Les éditeurs de logiciels ont dû se résoudre à éditer des logiciels spécialement adaptés (au niveau du prix) ; n’oublions pas que les logiciels professionnels coûtaient plusieurs milliers de francs et que le prix du PC 1512 était inférieur à celui de certains logiciels. Bien entendu, ces logiciels ne fonctionnaient que sur PC AMSTRAD.
Le marché de l’informatique personnelle est en crise. En entrant sur le marché de l’informatique professionnelle, AMSTRAD signe un changement de stratégie.
AMSTRAD a contribué à démocratiser la micro-informatique tant chez les particuliers que chez les petites entreprises, au point que les PC ont commencé à être distribué en grande surface à coté des paquets de lessive… Un tabou est tombé : le PC n’est plus l’apanage d’une élite fortunée !
Toutefois, la société n’a pas su (ou voulu) prendre le tournant des années 90. La micro familiale 8 bits est submergée par l’arrivée des ordinateurs 16 et 32 bits. Les CPC ne sont plus dans le coup. Pour seule réponse, AMSTRAD sort les CPC+ (CPC 464+ et 6128+), pale dépoussiérage des CPC, et sa console de jeux, la GX 4000 (elle aussi basée sur les CPC) au moment où les consoles japonaises produisent des jeux de bien meilleure facture. Le succès abandonne la marque, les éditeurs abandonnent tour à tour le constructeur pour focaliser leurs moyens sur des machines plus prometteuses, les revues informatiques tournent la page à l’image d’AMSTRAD CENT POUR CENT. La gamme professionnelle n’est pas en meilleure santé, la concurrence a baissé ses prix. Le prix n’est plus le seul argument à mettre en avant… alors qu’il constitue le principal atout de la politique commerciale d’AMSTRAD.
Sélection d’articles sur le sujet :
- AMSTRAD CPC 464, la vitesse supérieure, Science & Vie Micro 10 (octobre 1984), p. 78
- AMSTRAD CPC 664, soyez réaliste, demandez l’impossible, Science & Vie Micro 18 (juin 1985), p. 38
- AMSTRAD CPC 6128, mémoire double, Science & Vie Micro 20 (septembre 1985), p. 126
- AMSTRAD : BOUM !, Hebdogiciel 152 (12 septembre 1986), p. 1
- L’AMSTRAD PC, COMPATIBLE ? MOUI !, Hebdogiciel 159 (31 octobre 1986), p. 1
- Les nouveaux AMSTRAD PC 2086, PC 2286 et PC 2386 : pétard mouillé ou bombe du siècle ?, Science & Vie Micro n° 54 (octobre 1988), p. 76 : les nouvelles ambitions du constructeur britannique
- Spécial AMSTRAD, Science & Vie Micro HS n° 5 (1988) : nouvelle gamme professionnelle de PC face à la concurrence, traitements de texte, que vaut le CPC, témoignages d’utilisateurs…
Les photos d’illustration sont issues de ma collection personnelle.
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